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La cathédrale se dévoile

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06 octobre

La cathédrale se dévoile


L’échafaudage qui emballait l’entrée nord va être démonté et laissera apparaître la pierre de Vernon dans toute sa splendeur. Mais un autre chantier commence.

C’est un chantier de titan, entamé en mai 2009, prévu pour s’étaler sur sept ans. « Elle sera belle la cathédrale d’Evreux », se réjouit Patrick Debuck, patron de l’entreprise vernonnaise Terh (Travaux entretien et restauration historique) qui va bientôt déshabiller une partie importante de la toile qui protège l’échafaudage sur la façade nord.Depuis septembre, le monument a déjà un aspect plus propre côté rue Corbeau : une partie de la nef a retrouvé une belle couleur blanche, celle de la pierre de Vernon. L’échafaudage de 35 m de haut qui occupe pour quelques jours encore l’entrée de la façade nord va progressivement être enlevé, pour attaquer le chœur. « Ce déchafaudage va prendre environ un mois. On essaie de démonter et remonter simultanément », précise Jacky Léglise, chef de chantier au nom prédestiné pour un tel édifice.« Mais personne ne verra la cathédrale comme nous. Quand un passant lèvera la tête il ne verra pas tous les détails que nous avons réparés, ni toute la virtuosité de ceux qui ont bâti la cathédrale », poursuit l’homme de l’art, fier de travailler « à l’ancienne ». Tous les rejointements ont été faits à la chaux. Le plus gros morceau de pierre qu’il a installé faisait près de 600 kg : « C’est un travail de Romain et d’orfèvre. »Sur cette première tranche ferme de l’opération, l’entreprise avait évalué qu’il y avait 35 m³ de pierres à remplacer. « En fait sur l’entrée nord, nous avons changé 20 m³ de pierres concernant essentiellement les pinacles très endommagés par la tempête de 1999. C’était le plus urgent. Seulement il faudrait encore changer 15 m³ de pierres sur la partie la plus basse. Un appel d’offres va être lancé par la Direction régionale des affaires culturelles (Drac), précise Patrick Debuck.De la taille de pierre en atelier jusqu’à l’ajustement sur place, le PDG soigne particulièrement ce chantier exceptionnel placé sous la surveillance de Bruno Decaris, architecte en chef des monuments historiques. Maintenant que la première tranche ferme est achevée (1 M €), l’entreprise attaque la tranche conditionnelle n° 1 : les quatre travées nord du chœur. Car au sommet des contreforts, la végétation a pris ses aises. D’un montant de 771 000 €, les travaux de maçonnerie et taille de pierre vont durer un an. Pour redonner son lustre au gothique si délicatement ouvragé.

3 questions à… Patrick Debuck « Un chantier exceptionnel » Patrick Debuck, 56 ans, est à la tête de Terh (Travaux entretien et restauration historique) entreprise spécialisée dans la rénovation des bâtiments classés monuments historiques.

Quelles sont les phases d’un tel chantier ?

« Il y a un gros travail préparatoire en amont. Après la pose d’un échafaudage, on nettoie la pierre avec un microsablage pour vraiment se rendre compte de l’état des pierres qu’il faut remplacer. On enlève la saleté mais on préserve le calcin. »

Pourquoi certaines nouvelles pierres ne sont-elles pas sculptées ?

« En fait, ce sont des détails qui ne sont pas visibles par le passant. Et cela aurait un coût supplémentaire pour la Drac. Effectivement nous pourrions le faire, mais vu de loin le résultat est déjà spectaculaire. »

Que représente cette cathédrale pour vous ?

« J’ai toujours été passionné par les monuments historiques. Evreux est un chantier exceptionnel pour l’entreprise et ses soixante-dix salariés. Ce bâtiment force le respect. Il est d’une ingéniosité incroyable ! »