Jacky Léglise, une vie au service des monuments historiques d’Évreux
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14 juillet
Jacky Léglise, une vie au service des monuments historiques d’Évreux
- Source : Actu Normandie
En tant que chef de chantier de l’entreprise vernonnaise TERH, Jacky Léglise a participé à la rénovation d’édifices historiques d’Évreux et de sa région.
Sur le chantier de la place Sepmanville, il est très vite reconnaissable avec son chapeau rouge sur la tête, qu’il ne quitte jamais, et son sourire au coin des lèvres. Jacky Léglise, 61 ans, porte bien son nom, lui qui rénove les monuments historiques depuis 33 ans, et qui les magnifie pour leur rendre leur éclat d’antan.
L’amour des vieilles pierres
Pourtant, à l’origine, il n’était pas prédestiné à une carrière de chef de chantier au service des monuments historiques. Originaire de Haute-Savoie, il a passé un DUT électronique avant de travailler trois ans dans le secteur médical.« Je voulais devenir éducateur mais je n’ai pas réussi. En parallèle, je me suis pris de passion pour les vieilles pierres, et notamment pour l’art cistercien », raconte Jacky Léglise.Cet amour des vieilles pierres lui est venu alors qu’il restaurait un bâtiment en pisé dans les monts du Lyonnais.
« La façade harmonieuse et élégante de la cathédrale »
Il se souvient du jour exact où il est arrivé dans la capitale de l’Eure, le 6 janvier 1986. Un de ses souvenirs les plus mémorables reste la rénovation de la cathédrale entamée en 2009, un chantier titanesque sur lequel il va rester durant dix ans.« J’avais cette chance incroyable d’admirer tous les jours cette lumière qui change selon les saisons, la richesse du bâtiment, tous ces détails que les passants ne peuvent voir ».Il se remémore ces moments avec des éclats dans les yeux, en évoquant une des plus belles cathédrales gothiques avec « cette façade harmonieuse et élégante ». Il a cette même passion lorsqu’il parle des petites églises sur lesquelles il a travaillé. « Que ce soit une cathédrale ou une vieille église de campagne, les deux ont autant d’importance ». Il ajoute : « Il y a bien sûr toujours des difficultés, des choses délicates à appréhender, mais si on n’est pas capable de les surmonter, alors on arrête et on fait autre chose ».
Le respect des anciens
De ses débuts à aujourd’hui, il a su évoluer, acquérir de nouvelles techniques et enrichir son expérience au contact des architectes des monuments historiques et des chefs de chantier qui lui ont appris les richesses de ce métier et surtout à avoir un regard précis sur le bâtiment. Il se plaît à répéter :« Il faut toujours être à la hauteur de nos anciens ».Les anciens, ce sont les bâtisseurs de cathédrales. « Ils possédaient une vision précise. J’ai beaucoup de respect pour les anciens. C’est une fierté de savoir rendre l’esthétisme d’antan d’un monument », souligne ce passionné. « Il faut de l’humilité devant un bâtiment. Il faut réussir à l’apprivoiser mais c’est toujours lui qui domine ».
Un nouveau défi à chaque chantier
Il se dit en permanence dans le doute malgré un nombre de chantiers impressionnant à son actif : la cathédrale Saint-Pierre de Lisieux, le Lycée Corneille d’Évreux, la fontaine sur la place de la mairie, le Pavillon fleuri tout en briques et plâtre, « mais nous avons su lui redonner tout son cachet » et dernièrement le théâtre Legendre. Chaque nouveau chantier, Jacky Léglise le prend comme un défi. Celui de la place Sepmanville n’échappe pas à la règle.« C’est un chantier fabuleux. C’est le mariage entre l’ancien et le moderne. Notre rôle est de représenter ce qu’il y avait au XVe siècle : un pont-levis, des murs élevés, des batardeaux… ».Il travaille en coordination avec les tailleurs de pierre, les archéologues, les artisans, avec les matériaux d’autrefois « pour avoir le rendu de l’époque, à la manière des anciens ».
Redonner une âme au bâtiment
A-t-il déjà pensé à travailler dans une autre région ? « À Évreux, on a tout ce qu’il faut ici, répond-il. On a des édifices de qualité, on travaille avec des bons matériaux ». Son matériau fétiche reste la pierre de Vernon, une pierre qu’il qualifie de « beauté » capable de donner de l’éclat à un bâtiment. « Les anciens utilisaient généralement les pierres qu’ils avaient à proximité. La plupart des édifices de la région ont été construits avec cette pierre ». C’est aussi cette pierre que son entreprise TERH Monuments Historiques, basée à Vernon, continue d’extraire. « La difficulté n’est pas tant dans la technique mais de redonner au bâtiment une vie et surtout une âme ».La reconnaissance de son métier
La ville d’Évreux a décidé de lui remettre la médaille de la Ville, lundi prochain, en présence de sa femme et de ses trois enfants. Un geste qui lui va droit au cœur. « C’est pour moi une fierté, une reconnaissance de mon travail », avoue-t-il. « Lorsqu’on parle de monuments historiques, on pense généralement aux tailleurs de pierres, aux ferronniers, aux sculpteurs mais jamais aux maçons. C’est pourtant lui qui a la charge de reconstituer toutes ces pièces pour en faire un ensemble harmonieux et élégant », une sorte de chef d’orchestre.À travers cette médaille, c’est la reconnaissance de ce métier qui est mis en avant. Si à travers moi, le métier de maçon peut être valorisé, alors tant mieux ».Il ne compte pas s’arrêter là. La retraite, ce n’est pas encore pour lui, « je m’arrêterai à 65 ans ». En attendant, il poursuit son chemin. Après la place Sepmanville qui va se finir pour lui en septembre prochain, il enchaîne avec un nouveau chantier aux Andelys.
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