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Évreux : La restauration de la cathédrale terminée

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13 juillet

Évreux : La restauration de la cathédrale terminée


Après huit ans de travaux, la restauration des parties hautes de la cathédrale d’Évreux est terminée. Ce long chantier a coûté plus de 5 M€. Mais ce n’est pas pour autant que l’édifice tourne le dos aux réparations. C’est un chantier qualifié « d’exceptionnel », qui a débuté il y a presque dix ans et dont la sixième et dernière tranche s’achève aujourd’hui. Il concerne la restauration des parties hautes de la cathédrale d’Évreux, qui ont notamment souffert de la tempête de décembre 1999. Le marché a été lancé en décembre 2008. Menée sous l’égide de la Direction régionale des affaires culturelles (Drac), cette vaste opération a coûté près de 5 M€, dont plus de 4 M€ pour la maçonnerie. Pour marquer la fin de ce chantier, une réception était organisée mercredi midi avec les différents intervenants. Pour Patrick Debuck, le PDG de la société TERH (Travaux d’entretien et de restauration de monuments historiques), c’est tout simplement « l’un des plus gros et l’un des plus beaux chantiers de Normandie car c’est un édifice exceptionnel, plus homogène que la cathédrale de Rouen (76) », expose le patron de la société vernonnaise. Il a fallu repérer les pierres altérées, les extraire et les changer, tailler les pierres dans les ateliers de Vernon, puis les ramener sur place pour être sculptées. Un travail réalisé par Jean Garleita et Philippe Robin, deux sculpteurs rouennais. Cette pierre est « strictement conforme aux origines », fait savoir Patrick Debuck. En l’occurrence, il s’agit de la pierre de Vernon, une pierre calcaire, blanche et fine, dont la caractéristique principale est d’être incrustée de silex. « C’est l’une des pierres les plus résistantes, qui s’affine avec le temps et l’érosion ». Une pierre « raffinée et sophistiquée », complète Bruno Decaris, l’ancien architecte en chef des Monuments historiques, qui a supervisé les premières phases de la restauration. Pour ce vaste chantier, plus de 300 m³ de pierres neuves ont été utilisées. Dans quelques jours, il ne restera plus aucune trace des échafaudages. Mais ce n’est pas pour autant que la cathédrale tourne définitivement le dos aux travaux. Ce joyau d’architecture qui a traversé les siècles continue de subir les outrages du temps. L’objectif est d’éviter que l’édifice ne tombe en ruines. « L’autre péril, c’est la perte de la conservation de l’authenticité du bâtiment : la moulure, la sculpture, ce qui fait l’épiderme même de l’édifice », résume Régis Martin, l’architecte en chef, successeur de Bruno Decaris. D’autres travaux concernant le côté nord de la cathédrale, la nef, le chœur et le transept sont à prévoir. « Nous n’avons pas pu terminer le travail et aller au-delà du budget », admet Régis Martin. Mais le calendrier de ce chantier est inconnu. « Nous sommes en attente de budget. » La cathédrale Notre-Dame est une synthèse de styles successifs : l’architecture gothique rayonnante puis flamboyante et l’architecture de la Seconde Renaissance française. L’édifice est mentionné pour la première fois en 912 dans la Chronique de Guillaume de Jumièges (76). Vraisemblablement reconstruit au XIe siècle, il est incendié par Henri Ier Beaucler, roi d’Angleterre en 1119. L’église, reconstruite entre 1125 et 1140 (dont subsistent les grandes arcades de la nef), a été incendiée par Philippe Auguste en 1194, dans sa lutte contre Richard Cœur de Lion. Au fil des siècles, elle a subi bien des vicissitudes. La guerre de Cent Ans ne l’épargne pas : elle est brûlée en 1356. Elle ne sera restaurée que sous Louis XI, plus d’un siècle après. Pendant la Révolution française, elle est promise à la vente pour être démolie. Elle subit des destructions : le décor du tympan disparaît ; les 56 statues du XVIe siècle qui surmontaient le portail nord sont cassées et servent de fondation à un pont. Le 11 juin 1940, c’est l’aviation allemande qui sévit : la cathédrale est la proie des flammes. L’incendie détruit – entre autres – le buffet d’orgue du XVIIIe siècle. En août 1983, c’est un ouragan qui endommage une partie de la verrière du chœur et le 26 décembre 1999, une tempête cause de graves dommages sur les pinacles, les sculptures extérieures et la croix sommitale de la flèche. Malgré ces péripéties, l’édifice reste debout. La cathédrale Notre-Dame vaut le détour notamment pour ses 70 verrières, considérées comme un chef-d’œuvre de l’art du vitrail français du XIIIe au XVIe siècle et les 13 chapelles rayonnantes fermées de clôtures en bois sculpté du XVe au XVIIIe siècle, qui comptent parmi les plus belles de France. La cathédrale est aussi célèbre pour conserver une série de verrières au jaune d’argent du XIVe siècle, dont l’équivalent ne se trouve qu’à l’église Saint-Ouen de Rouen. La qualité de ce « jaune d’Évreux » lui a permis de passer à la postérité. La cathédrale, qui appartient à l’État, est classée au titre des monuments historiques depuis 1862.